« A La Rosière, Stop au béton et à la création d’une nouvelle résidence à la place d’un espace forestier »

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C’est le titre de la pétition déposée sur Change.org par Jacques Granger, propriétaire aux Cimes Blanches. L’ACCB La Rosière soutient bien sûr cette pétition dont le texte est ci-dessous et invite le plus grand nombre à la signer. (http://chng.it/ws9tQYRMWt)

Une station savoyarde familiale accueillant hiver comme été des milliers personnes. Skieurs, randonneurs, promeneurs, cyclistes ont adopté La Rosière, blottie à 1850 mètres, dans le Col du Petit Saint-Bernard, tout près de la frontière italienne. Pas pour rien qu’elle a obtenu le label « Vacances familles ». Lorsque l’on a découvert cette station, on y revient. Pour se balader l’été dans ses chemins forestiers, y découvrir des tétras-lyres ou des écureuils, cueillir myrtilles, framboises et champignons. L’hiver, pour skier sur les 150 km de pistes de l’Espace San Bernardo et découvrir les charmes de La Thuile, la voisine italienne.
Mais ce tableau idyllique ne sera bientôt plus qu’un souvenir. Parce qu’avec la complicité de la mairie de Montvalezan, les promoteurs se sont emparés du joyau. Depuis cet été, on bétonne de partout à La Rosière : au centre de la station, dans le quartier des Eucherts, sur les pistes où en six mois les bâtiments d’un Club Méditerranée pharaonique (1 000 lits sur 45 000 m2) ont remplacé un espace immaculé.
Mais tout cela n’est rien car la frénésie des promoteurs et des élus ne s’arrête pas là. Alors que partout en France et dans le monde des millions de voix s’élèvent contre la destruction de la nature avec des impacts dévastateurs sur notre patrimoine environnemental alliés à un réchauffement climatique désastreux, à La Rosière on fait tout le contraire. C’est tout un pan de montagne qui sera bétonné, un espace  de 14 000 m2 étant promis au groupe Duval-Odalys pour y construire, après déforestation, une résidence de tourisme de 930 lits,  presqu’aussi imposante que le Club Med.

C’est contre ce projet et pour la préservation de notre forêt que nous nous battons aujourd’hui et que nous lançons cette pétition.

Avec les justifications suivantes :

1/ L’urbanisation et la pollution au cœur du domaine skiable.

Alors que la zone n’a toujours pas été déclarée constructible (nous attendons l’enquête publique), un permis de construire d’Odalys a déjà été déposé et le conseil municipal a donné son feu vert au promoteur pour une demande de défrichement du terrain. Dans de nombreuses communes on revitalise les sols. A La Rosière on les bétonne !
Si ce projet se fait, c’est l’urbanisation et la pollution que l’on introduira sur le domaine skiable, à la place d’un espace boisé composé de bouleaux et de résineux vieux de 70 ans et plus. Quel signal dramatique pour les défenseurs de la nature et les amoureux de cette belle station familiale ! Un refus de prendre en compte les multiples alertes scientifiques lancées par des experts. Une injure de surcroît à l’égard de certains propriétaires des Cimes Blanches, riverains de ce projet, qui se retrouveraient avec un mur à 15 mètres de leurs fenêtres et balcons, à la place de la forêt, de ses écureuils et tétras-lyres qui avaient été la raison de leur investissement voilà une douzaine d’années. 

 

2/ CO2 et risques d’éboulements.

Aujourd’hui, avec l’arrivée du Club Med juste au-dessus et un trafic routier qui n’existait pas, les émissions d’oxyde de carbone vont être décuplées. Cette forêt est un véritable filtre à CO2 et sa capacité d’absorption de carbone protégera le quartier des Eucherts d’une pollution accrue. Elle joue également un rôle qui deviendra de plus en plus important dans la lutte contre l’érosion. Avec des orages de plus en plus violents, l’été, en montagne, elle permet d’absorber une grande partie des eaux de ruissellement. Sa disparition provoquera, dans un sol reconnu particulièrement instable, des coulées d’eau et de boue et des risques d’éboulements aggravés avec des conséquences dramatiques pour les chalets situés juste en dessous de ce projet Odalys.
A la fin de l’été et cet automne, plusieurs résidences et parkings du quartier des Eucherts ont déjà été touchés par ces dérèglements (eau et boue dans garages et appartements).

 

3/ L’eau pourrait manquer

Contrairement à ce qu’a laissé entendre la mairie lors de la présentation du projet, la construction de l’Ecrin Blanc d’Odalys, ajoutée à celle du Club Med aura certainement un impact sur les ressources en eau potable et sur le traitement des eaux usées. Cet été, avec le réchauffement climatique, l’eau a manqué dans les deux Savoie. Nous savons qu’à La Rosière l’eau potable et celle utilisée pour la neige de culture proviennent de sources communales et, en cas d’insuffisance, d’un captage dans la canalisation EDF reliant Saint-Foix à la centrale hydroélectrique de Roselend.
Avec la sécheresse qui s’accentue l’été et l’arrivée de près de 3 000 consommateurs (avec les autres constructions en cours), les risques de manque d’eau seront réels. Et en cas de crise il est plus que probable qu’EDF donnera la priorité au refroidissement de sa centrale en interdisant tout captage à La Rosière.
Beaucoup de questions encore avec de gros volumes supplémentaires d’eaux usées à transporter et à traiter à la station d’épuration de Bourg-Saint-Maurice.

 

4/ De graves préjudices pour la population riveraine.

La réalisation de ce projet entrainerait de graves préjudices pour les riverains directs. Une douzaine d’entre eux verraient se dresser, 15 mètres devant leurs fenêtres ou balcons, le mur d’une piscine. Voilà une douzaine d’années ils ont acheté leur appartement pour jouir des charmes de cette forêt. A l’époque, le maire de Montvalezan déroulait le tapis rouge aux petits investisseurs des Cimes Blanches créant des lits chauds. On leur avait bien sûr promis que rien ne serait construit à cet endroit. Aujourd’hui ils subissent de multiples préjudices. Environnemental d’abord mais également économique. Car leur bien va être considérablement dévalué. Sans parler de la réaction de leur gestionnaire qui ne pourra certainement plus le louer et risque de résilier leur bail.

 

5/ L’équilibre économique menacé

Mais au-delà de ce constat, c’est tout l’équilibre économique de l’hébergement de la commune qui est menacé. A Montvalezan on ne semble pas vouloir tenir compte de la directive de la Cour des Comptes publiée en décembre 2018 : « Le modèle de développement fondé sur l’augmentation du débit des remontées mécaniques et la croissance continue de l’offre d’hébergement atteint ses limites… Face à des défis croissants, les stations nord-alpines doivent s’engager dans un développement plus équilibré.» Cette fuite en avant risque en effet d’avoir des conséquences graves quant à l’équilibre touristique et économique local. Ces derniers hivers, la station n’a jamais été pleine. Même pendant les congés scolaires de février. Alors que le nombre de skieurs diminue dans le monde et en France, l’arrivée de nouveaux lits, plus hauts, causera un sérieux préjudice aux hébergeurs locaux. A La Rosière de nombreuses résidences, situées dans le bas de la station, risquent ainsi de mourir. Et tous les hébergeurs souffriront de l’arrivée de ces supermarchés du ski, en décalage total, à notre se, avec l’esprit de la station. Sans parler de la clientèle actuelle, attachée au côté familial de la station, qui risque d’aller voir ailleurs.

 

6/ Vers un dangereux engorgement du domaine skiable

Enfin, cet apport de 3 000 skieurs potentiels nouveaux créera inévitablement des engorgements du domaine skiable. Aujourd’hui la direction de ce domaine se vante d’un excellent classement au plan de la fluidité et du peu d’attente aux remontées. Vrai hors congés scolaires. Plus compliqué durant les vacances et problématique à notre sens avec ces nouvelles résidences. Aujourd’hui les départs à ski vers les sommets se font seulement via deux télésièges. L’un au centre-station, l’autre aux Eucherts. Avec les clients de l’Ecrin Blanc d’Odalys, ceux du Club Med mais également d’une troisième résidence en construction, l’Alpen Lodge, c’est un potentiel de 1 700 skieurs supplémentaire (500 du Club Med partant du centre-station) qui transiteront par les Eucherts. Ensuite, tout le monde se retrouvera au sommet des Roches noires. « Avec d’énormes risques d’accidents », avancent plusieurs moniteurs de ski.
Autre point, que se passera-t-il lorsque la liaison vers l’Italie sera fermée ? Ce qui arrive par mauvais temps.  De 151 km de piste on passera à moins de 70. Mieux ne vaut pas y penser…..

 

Voilà nos arguments et voilà pourquoi nous vous invitons à signer cette pétition et à la partager au maximum. Jamais La Rosière ne pourra rivaliser avec Tignes, Les Arcs, La Plagne et Val d’Isère. Nous sommes évidemment favorables à son développement mais à un développement raisonné préservant l’architecture et le savoir-faire des pionniers qui l’ont créée, la beauté de sa nature, les charmes de cette belle station où il est grand temps de dire STOP AU BÉTON !